jeudi 16 décembre 2010

Les doigts

Le toucher gracieux de tes doigts longs et vernis
Terminés par des ongles faits, peints, et polis,
Effleure lentement mes zones érectiles
Qui frissonnent partout sous tes doigts habiles.

De ma nuque tu tires le meilleur séisme
De mon long cou rasé, l’arc en ciel du prisme
Qui s’étale sous tes délicieuses mains d’ange
Vers mes lombes subtiles et mon pileux losange.

Pulpes graciles, elles dessinent sur ma peau
Satin et mousseline, dentelles et carreaux.
Tu lisses ma peau comme on lisse un duvet
Tu flagelles mon cuir pour mieux me rassasier.

Mains lisses, titillez le nombril
Et flattez mes environs virils.
Doigté musical sur mon clavier
Ou serres pointues d’un épervier
Tel un archet sur son violontes doigts soufflent comme un Aquilon.

La palette de tes doigts brosse mille couleurs :
Toucher maternel plein de lait et de candeur,
Toucher amical plein de beauté et de senteurs
Toucher médical précis et interrogateur,
Toucher sexuel humide et demandeur
Toucher de séduction, appuyé et cavaleur.

Les doigts remplacent de l’aveugle les yeux
Lui servent pour lire, marcher, voir le hideux
Voir ce qu’il sent, ce qu’il entend, ce qu’il goûte
Doublent le plus cher sens à ses yeux, sans doute.

Au contact de ta peau mes yeux se ferment
Pour apprécier ta chaleur, ton épiderme
Tes creux profonds humides et chatoyants
Ta peau, tes doigts, tes phalanges attrayants,
Et je vois, je vois comme le vrai non voyant
Tes formes pures, tes mains et ton cœur attachant.

samedi 11 décembre 2010

LE SILENCE

Le silence,

C’est d’abord le souffle que l’on retient
La parole que l’on retire,
Le dernier souffle de l’agonie.

Le silence

Le silence de celles qui pouffent pour pleurer
De ceux qui mettent des casques pour ne pas gêner
De ceux qui avalent leur salive pour ne pas la cracher.

Le silence

De ceux qui prient
De ceux qui ont faim
De ceux qui hurlent dans leur gorge pour que le son ne sorte pas.

Le silence

Le silence des prisonniers de la vie
De ceux que la vie a emprisonnés
Le silence de ceux pour qui le vent parle
Le silence de ceux qui parlent au vent.

Le silence

Le silence de celles qui accouchent sans hurler
De ceux qui meurent sans crier
Le silence des fleurs et des tombes
Celui que l’on crie quand on se noye dans une eau profonde.

Le silence

Le silence de ceux qui tombent sans geindre
De ceux qui souffrent sans se plaindre
Le silence du crabe qui avance et qui gagne à tout coup.
Le silence de la mort tout à coup.

Le silence

Le silence de dieux et de ses alcôves
Le silence de ceux qui coulent de morve
De celles qui se font lapider, de ceux qu’on nobelise.
De ceux qui attendent qu’on les détruise.

Le silence

Le silence du noble qui se méprise
Le silence de la pierre que l’on serti
Le silence de l’esclave asservi
Le silence du journal qu’on lit
Le silence du linceul qui couvrit.

Dieux mettez un peu de bruit dans nos vies !
Chuttt. Taisez-vous.

jeudi 2 décembre 2010

AUTOMNE

AUTOMNE

Sur son flanc, brun foncé, la femelle fumante,
Sa poitrine harassée, étale sa splendeur.
L'or ruisselle, à toison, sur la belle blonde,
Sur laquelle le tison soupire un dernier pleur.

Sa faille toute envahie, où vit, triomphante,
La langueur infinie, l'imprégnante sueur,
Offre au ventre meurtri, l’âme haletante
Où l'automne, rabougri, verse sa folle ardeur.

Dans les reliefs joyaux, où sa montagne est reine
Vénus, au blanc manteau d'hermine souveraine,
Distille sa douceur au bon goût nuageux.
Et, sur son col chaleur, où le laboureur peine
S'élève, hors de sa forge, au détour de sa plaine,
L'Hymne que ma gorge entonne pour les Dieux.

Le 3 janvier 2005