mardi 28 avril 2009

Mes vacances

Le vent du Nord-Est



Le vent du Nord-Est pousse son cri rauque
Grossissant les grises vagues furieuses
Passant du turquoise au beige glauque
Vers les écumes de la vie, mousseuse.
Elles se brisent sous les falaises ocre
Couleur de souffre et de miel salé
Soufflent à nos oreilles les médiocres
Récits terrifiants des pierres tachées.

Le vent du Nord-Est, les trois jours entiers
Fait pleurer nos yeux, couler le venin
Et siffle sous les vitres embuées
Dessus nos longs cils, aiguilles d’oursin.
Sa voix est rauque, sa langue d’airain
Crisse sur son tableau la craie mouillée
Cueille les œillets de l’orage feint
Fait briller les miroirs des minarets.

Le vent du Nord-Est fait claquer les portes
Comme on claque une gifle sur la joue
Tout le sel de la mer, des algues mortes
Fissure les paupières acajou.
Il coupe les têtes de ce monde
Ramassées comme des figues sauvages
Poussant dessus les racines profondes
Dans des sabliers proches des rivages.

Le vent du Nord-Est pousse les nuages
Incandescents dans la fumée des songes
Dans le ciel agraire, partent en voyage
En étoiles de mer et en éponges.
Le grondement des marées en furie
Cogne les lourds tambours en bois d’ébène
Et les bassins d’argent qui se rallient
Gonflent les poumons des voiles de laine.

Le vent du Nord-Est tari tel la flamme
Laissant le vent du Sud se baigner
Dans le havre du flanc des femmes
Et les vérandas de bougainvilliers.
Le cœur cogne sur la porte de l’âge
Quête la douce brise du midi
Mâche les cendres des écorces sages
Feuilles infusées de vieux soirs étourdis.

MALI le 17 janvier 2004

vendredi 17 avril 2009

Oummi Sissi

Je vais vous raconter une histoire que vous connaissez bien :

Oummi Sissi (Mère Sissi, aucun rapport avec Sissi impératrice d’Autriche)
C’est une comptine que l’on raconte aux jeunes enfants tunisiens. Aucun n’y échappe. Bien sûr elle porte un message. Nous allons essayer de le décrypter.

Voici l’histoire

Donc : Oummi veut dire mère, ou grand-mère…ce peut être aussi un terme honorifique que l’on attribue aux dames vertueuses ou remarquables par leur action sincère. Elle se prénomme Sissi. Bref Oummi Sissi a un certain âge.

Oummi Sissi toukniss, toukniss (balaie, balaie ou bien en balayant). Vous remarquerez en passant que ce terme est répété. Pourquoi donc est il répété ? Pour insister bien sûr. Mais pour insister sur quoi ? Pour insister qu’une Ommi (mère, grand-mère, vieille) ne peut faire que balayer. Bonne image de la femme tunisienne. Une meuf d’abord ça balaie. Surtout si elle est vieille. Mais le narrateur a peut être voulu, par la répétition, faire visualiser ce geste répétitif qu’est le balayage. Ne soyons pas de mauvaise foi systématiquement. Le narrateur ne dit pas non plus si Oummi Sissi est maitresse de maison ou une simple femme de ménage. Cela pourrait expliquer la répétition (toukniss, toukniss)

Donc reprenons,
Ommi Sissi, toukniss toukniss, lkat fleïs. (Ommi Sissi en balayant a trouvé un sou). Vous remarquerez qu’elle aurait pu trouver un billet de banque ou une photo ancienne ou que sais-je ? Non. Elle un trouvé un fleïs. Même pas un Flous. Terme réservé aux hommes. L’argent (flous) n’est pas du domaine des femmes, surtout si elles sont vieilles. C’est le champ gardé des mecs. Le flous appartient exclusivement aux hommes tandis que les femmes ont un « Fleis ». Fleis serait il une sous partie du flous ? Il me semble, dans mon inconscient tunisien, que fleis, par rapport au flous est péjoratif. Mais peut être je me trompe.

Donc reprenons,
Ommi Sissi, toukniss toukniss, lkat fleïs. Kalet ech bech nâamel bih ? (Ommi Sissi en balayant a trouvé un sou. Elle dit alors que vais je en faire ?)
Si cela avait été un mec qui trouve du pognon parterre il ne se poserait pas la question ! Il irait droit au bistrot trinquer avec ses copains. Mais elle, elle ne sait pas ce qu’il faut en faire. Elle se pose la question car tout le monde (dans l'inconscient tunisien) sait que les femmes n’ont aucune initiative. Bon un mec correct aurait pu dire « je vais le placer en bourse ou sur mon livret d’épargne » mais une Ommi Sissi ne peut pas se poser ces questions. Elle est forcément limitée puisqu’elle est une (grand ?) mère et que son QI est forcément bas. Elle trouve du pognon et elle ne sait qu’en faire… Elle s’en pose d’autres (questions)

Donc reprenons,
Ommi Sissi, toukniss toukniss, lkat fleïs.Kalet ech bech nâamel bih ? Nichri bih lhaima, fiha ädhaïma. Nichribih houiata fiha chouaïka. (Ommi Sissi en balayant a trouvé un sou. Elle dit alors que vais je en faire ? Si j’achète une viande il y aura des os, si j’achète un poisson il y aura des arêtes. » Donc. Nichri bih kaïba haloua. « Je vais acheter un bonbon ». Là nous atteignons chers amis le comble de la misogynie (que nous transmettons inconsciemment à nos enfants). Bon voilà : cette vielle femme après avoir murement réfléchi, après avoir pu acheter une viande ou un poisson avec le sou qu’elle a trouvé, cette femme décide donc d’acheter une sucrerie. Parce qu’elle n’a pas de cervelle bien sûr. Ou bien plus pernicieux parce qu’elle n’a pas envie de s’emmerder. Supposons qu’elle achète de la viande. Il lui faut laver la viande, la découper, et surtout faire un plat autour : gnaouia, kammounia, salsa… et d’autres. Mais il lui faut laver les légumes, surveiller la cuisson etc. Ca elle n’en veut pas. Trop compliqué et trop à s’occuper. Supposons qu’elle achète du poisson : pire encore : il lui faudra l’écailler, le vider, le poivrer, préparer le Kanoun (barbecue) ou autre moyen de cuisson…retirer les arêtes comme elle dit, et après, tout passer à l’eau de javel pour enlever l’odeur. Non. Les femmes étant toutes des fainéantes (message implicite)…Oummi Sissi en fait partie. Et sans crier gare, à l’unanimité d’elle-même : elle achète une sucrerie. Les femmes aiment les sucreries sous la langue…encore un message subliminal. Elles aiment les douceurs sublinguales. La langue suggère le chat (Langue au chat) : suite au prochain numéro si cette histoire vous amuse. Et elle est loin d’être finie
Bon déjeuner.
MALI

dimanche 12 avril 2009

AUX AMIS



Aux Amis qu’on connaît depuis 30 ans,
Disait Chirac à Balladur
A celui qu’on découvre maintenant,
Comme un traître dans une armure.

A ceux qui ne nous ont jamais lâchés,
Disait le Tsar à Raspoutine
Qu’on a toujours voulu préserver ;
De leur trahisons adultérines

A ceux qui, avec nous, ont tout traversé,
Disait Jésus à Judas
Avec qui on a à la fois ri et pleuré ;
Et partagé les émois.

A ceux qu’on reconnaît dès le premier regard,
Disait Dieu au Diable
Qui comprennent nos moindres espoirs
Et la félonie dont ils sont capables.

A ceux qu’on attend, qu’on voudrait revoir,
A ceux qui sont partis de l’autre côté trop tôt,
A ceux auxquels on pense quand il est tard,
A ceux qu’on a déçus, par manque de mots…

Aux Amis qu’on connaît depuis 20 ans,
A ceux qu’on se découvre maintenant,
Je voulais rendre ce nécessaire hommage
Sans que ce ne soit une question d’âge…
MALI

vendredi 10 avril 2009

Les femmes et les hommes

Je voudrais définir ce qu’est « l’investissement parental ». L’investissement parental est l’énergie que déploie un individu afin d’amener son rejeton jusqu’à l’âge de l’indépendance. Cette donnée biologique est universelle et concerne tous les êtres vivants.
Deuxième notion découlant de la théorie Darwinienne : Le but ultime de chaque être vivant est de transmettre le maximum de ses chromosomes à ses rejetons et à leurs rejetons etc. Cette donnée biologique est universelle et concerne tous les êtres vivants.

Nous allons prendre deux exemples de stratégie de la Vie :
- l’oursin est un animal qui a un investissement parental quasi nul. A un moment donné la femelle et le mâle balancent leurs gamètes dans l’eau salée, les fécondations se font au hasard des marées et le futur oursin ne reçoit aucun soin de ses parents. Il se démerde. L’oursin adulte, mâle ou femelle ne déploie donc quasiment aucune énergie pour « élever » son rejeton. Il n’a rien à faire de qui viennent les cellules sexuelles qui fécondent les siennes. Il n’a pas à courtiser ou à être fidèle. Seul le hasard fera ou non son rejeton.
- Le lion est un animal dont l’investissement parental est grand : la lionne met bat au bout de plusieurs mois de gestation de petits qu’il faut allaiter et sauvegarder pendant deux années. Pour cela la lionne doit chasser. La lionne a donc intérêt à choisir le meilleur mâle, le plus robuste afin d’optimiser son investissement. Le lion mâle lui a peu d’investissement parental : son but est de propager le maximum de chromosomes dans le maximum de femelles afin d’avoir le plus de progéniture. Mais pour cela il faut qu’il se batte avec les mêmes dominants et qu’il tue les enfants dont il n’est pas le père afin de rendre les femelles fécondables.
On voit donc que selon les espèces, le comportement social dépend en grande partie de ces deux lois.
Chez l’Homme le comportement n’est pas loin de celui des lions : la femme a un investissement parental énorme : 9 mois de grossesse avec les risques de l’accouchement, l’allaitement qui peut durer au-delà de deux ans. Pendant ce temps bien sûr elle travaille : maintien de son foyer, travail aux champs, nourrir sa famille, hygiène de sa famille. Etc. Elle doit donc choisir méticuleusement le mâle. Elle n’a pas le droit de se tromper. Son intérêt n’est pas d’avoir plusieurs mâles puisqu’un seul la féconde mais d’avoir le meilleur c'est-à-dire celui qui lui offre le plus de sécurité, de matériel de « puissance » pour que son investissement parental puisse être mené à terme.
L’homme quand à lui a intérêt d’être choisi par le maximum de femmes : il lui faut séduire et écarter les concurrents potentiels. Plus il féconde de femmes, plus il a de chances de transmettre ses chromosomes. Son investissement parental étant plus faible cela justifie son nomadisme sexuel. Mais il lui faut être fort et garantir le futur du foyer : il fait la guerre et chasse. Il y a un prix à tout.
En regardant plus loin on peut trouver une explication à « pourquoi tous les hommes sont des menteurs, pourquoi toutes les femmes sont des traitresses ». Bien sûr le mot « tout » exclue les exceptions que nous sommes.
Ainsi va la Vie qu’Allah a crée.