mardi 28 avril 2009

Mes vacances

Le vent du Nord-Est



Le vent du Nord-Est pousse son cri rauque
Grossissant les grises vagues furieuses
Passant du turquoise au beige glauque
Vers les écumes de la vie, mousseuse.
Elles se brisent sous les falaises ocre
Couleur de souffre et de miel salé
Soufflent à nos oreilles les médiocres
Récits terrifiants des pierres tachées.

Le vent du Nord-Est, les trois jours entiers
Fait pleurer nos yeux, couler le venin
Et siffle sous les vitres embuées
Dessus nos longs cils, aiguilles d’oursin.
Sa voix est rauque, sa langue d’airain
Crisse sur son tableau la craie mouillée
Cueille les œillets de l’orage feint
Fait briller les miroirs des minarets.

Le vent du Nord-Est fait claquer les portes
Comme on claque une gifle sur la joue
Tout le sel de la mer, des algues mortes
Fissure les paupières acajou.
Il coupe les têtes de ce monde
Ramassées comme des figues sauvages
Poussant dessus les racines profondes
Dans des sabliers proches des rivages.

Le vent du Nord-Est pousse les nuages
Incandescents dans la fumée des songes
Dans le ciel agraire, partent en voyage
En étoiles de mer et en éponges.
Le grondement des marées en furie
Cogne les lourds tambours en bois d’ébène
Et les bassins d’argent qui se rallient
Gonflent les poumons des voiles de laine.

Le vent du Nord-Est tari tel la flamme
Laissant le vent du Sud se baigner
Dans le havre du flanc des femmes
Et les vérandas de bougainvilliers.
Le cœur cogne sur la porte de l’âge
Quête la douce brise du midi
Mâche les cendres des écorces sages
Feuilles infusées de vieux soirs étourdis.

MALI le 17 janvier 2004

6 commentaires:

  1. Zorb va nous dire de quelle plage il s'agit ?

    RépondreSupprimer
  2. Eh, dis, Zorb, tu as déja vu des minarets et des bougainvilliers au Havre ?
    Sans rire, je suis un peu déçu car je pensais que mon esprit poétique pouvait donner l'ambiance de cet endroit. Apparamment non. Faut que je travaille encore et encore mes textes.

    RépondreSupprimer
  3. Pas du tout MALI, c'est moi qui est nul en littérature et en géographie !!!

    RépondreSupprimer
  4. Bien puisque personne ne sait : la plage en question est celle de la Chebba. La chebba est le point le plus à l'est de la côte tunisienne. On l'appelle aussi Ras Kappoudia. Ce cap a donc deux versants : un dirigé vers le sud avec une mer de type marécageux, un dirigé vers le nord d'est avec une mer "vive" mais souvent furieuse sauf quand le vent du sud souffle alors la mer prend un ton turquoise digne de certains lagons pacifiques. Gamin, cette différence entre les vents m'avait marquée. C'est pour cela que j'en parle.

    RépondreSupprimer
  5. C'est vrai, ça décrit bien Les côtes de La Chebba; bravo.

    RépondreSupprimer