jeudi 21 mai 2009

Enfance

Et mon père me disait : Allah est là haut : je levais les yeux vers le plafond et j’y voyais la frise en plâtre autour de la chaine du lustre. Dieu était donc pour moi une frise avec une chaîne qui pend afin de frapper ceux qui désobéissent. Dieu est là-haut, disait il en levant l’index. Là haut je voyais le ciel bleu et les nuages. En observant les nuages j’avais compris que Dieu pouvait prendre toutes les formes, un visage, un hanneton, un arbre, un scorpion, un cheval, un bateau, etc. Et le soir il me disait : « dors sinon Ejjnoun (les djinns) vont te manger ». Donc une fois au lit et les lumières éteintes, je voyais un Djinn à chaque angle. Et ils me parlaient, pour me dire que j’allais en enfer. Et je voyais sous mon lit des scorpions et des vipères et je criais. La bonne (femme de ménage ?) venait, elle était une jeune fille. Son visage est encore devant mes yeux. Elle me prenait dans ses bras et les djinns partaient. Et c’était bon et rassurant. Parfois c’était ma mère qui venait. En robe de chambre. Elle me procurait un massage des jambes, un gros câlin qui immédiatement faisaient sortir les Djinns de ma chambre comme un insecticide ferait sortir les mouches ou les moustiques. Elle remettait le drap sur moi et repartait après un gros gros câlin. Mais les djinns revenaient jusqu’à mon épuisement. Parfois, rarement, c’était mon père qui venait. « Le djinn c’est toi » qu’il me disait. « Je travaille demain alors arrête de nous embêter. » Alors je culpabilisais. Il fallait que je sois un enfant modèle et à aucun moment je ne devais déplaire à mes parents. Le jour je rêvais : je m’imaginais en clown, en magie, en lion. Je faisais des pâtés de sable. Il n’y avait des jouets qu’à l’Aïd. Pour moi Allah était en haut, dans la frise du plafond ou dans les nuages. Les djinns étaient dans les coins de ma chambre et les vipères sous mon lit. J’avais alors entre 4 et 5 ans d’âge.

9 commentaires:

  1. Comma a dit ton père « Le djinn c’est toi », celui qui pratique l’espagnole par sa tête à la bonne à l’âge de 5 ans ne pouvait que l’être !

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  2. Je me rends compte que quelques mots dénaturent le post. Je les ai enlevés car ils n'apportent pas grand chose. On peut appeler celà de l'autocensure

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  3. Dommage que l'autocensure ne marche pas toujours MALI !
    Bakhta

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  4. Bonjour Bakhta,
    Pourquoi "dommage" ? et pourquoi l'autocensure ne marcherait pas toujours ?
    En attendant votre réponse je vous conseille de cliquer sur le lien qui suit : un régal et une prouesse.
    Bien à vous


    http://vimeo.com/moogaloop.swf?clip_id=2539741

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  5. Bonjour MALI,
    Je vous réponds d'abord et je vais voir le lien après...
    C'est dommage parce que parfois on n'a pas envie de lire ou d'écrire des mots ou des phrases qui choquent tout simplement. On peut ne pas considérer la sensibilité de chacun et c'est dommage en effet.

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  6. Merci MALI pour le lien ; c'est un régal et une prouesse effectivement. Cela m'a vraiment fait vibrer. Encore merci pour ce partage !
    Bien à vous,
    Bakhta

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  7. Ces souvenirs d'enfance m'ont rappelé les miens et à la différence de vous, mon Allah ne dépassait pas le plafond il était dans mon imaginaire l'ampoule allumée parce qu'elle brûle. J'imaginais les gens suspendus par leurs paupières quand ils font des bêtises... à force d'entendre dire cela des adultes. On ne parlait pas de djennoun à la maison mais de ghoul de l'ogre et parfois des chiens... J'avais plus peur des chiens que des ghouls. Je garde d'ailleurs encore cette peur parce que j'avais vu ma cousine se faire mordre par un chien devant mes yeux et parfois je fais des rêves de chiens qui me poursuivent ! Il se peut que j'ai franchi un pas puisque dans mon dernier rêve de chiens ils étaient à ma droite et à ma gauche et je passais mon chemin rassurée et paisible !
    Avez vous encore peur des Djinns et des serpents ? Sourire
    Bakhta

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  8. Salut chers amis,
    Bonsoir Bakhta,
    Votre témoignage est hyper intéressant. Il souligne l'importance des mots que l'on dit à nos enfants. Aucun mot n'est anodin et l'enfant enregistre tout. Si vous avez le temps je vous dirige vers Françoise DOLTO et ses écrits. C'est une femme extraordinaire qui a passé sa vie à comprendre ce qui se passe dans la tête des enfants.
    Je ne vois plus de Djins ni de serpents dans mes rêves ou mes lubies. Par contre je vois des femmes et des hommes hautement plus dangereux.
    La vie m'a appris (mais pas assez) que le loup n'est pas un loup pour le loup, que le requin n'est pas un requin pour le requin, mais que l'homme est un loup et un requin pour l'homme.
    Bien à vous et faites de beaux rêves.

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  9. Bonjour MALI,
    J'ai beaucoup écouté les émissions de Françoise DOLTO (mère de Carlos) et lu quelques uns de ses livres surtout quand mes enfants étaient petits. Je me rappelle de la fois où mon fils pleurait parce qu'il s'était fait mal, ma soeur lui disait de ne pas pleurer et moi lui demandais de ne pas se retenir et de pleurer. Pour ma soeur un garçon, futur homme ne doit pas pleurer !!!
    Je confirme que Françoise Dolto est une femme extraordinaire et je partage encore ses idées.

    Le loup est un loup pour les autres animaux plus faibles ainsi que le requin est un requin pour les petits poissons.
    Les hommes de par leur force ou argent se sentent plus forts que les faibles, on peut les comaprer à des loups et à des requins en effet ! On dit "hout yekel hout wa 9alil ejjehd yamout" comme je disais pour les requins...

    Mes rêves sont plus ou moins beaux.

    Bien à vous,
    Bakhta

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